As is the case in several countries, false information is gaining ground in the public space in Senegal. The phenomenon itself is not new, but it is now accentuated and popularised with the advent of social networks and other digital platforms. The actors responsible for the creation and dissemination of false information include not only political actors – seen as among those who disseminate the most – but also the media and journalism sector, as well as the users of social networks themselves. False information then circulates by word of mouth, in town squares, markets and other meeting places. Furthermore, the possibility that other external actors are involved in the spread of false information in Senegal would be a major risk for the state of Senegalese democracy, even if the impact of such an influence cannot be definitively proven. Electoral periods and periods of crisis, such as the Covid-19 pandemic, are the times when the spread of false information is most significant. There are a few initiatives to combat misinformation in Senegal. These include organisations such as Africa Check involved in fact-checking and media education. However, these initiatives do not yet have a great impact, mainly because their audience remains limited. These are initiatives that deserve to be supported and popularised, including the use of national languages to reach a wider audience. On the legislative and regulatory level, the country has a set of texts governing telecommunications, cyberspace and the media. / À l’image de ce qui se passe dans plusieurs pays, les fausses informations prennent de l’ampleur dans l’espace public au Sénégal. Le phénomène en soi n’est pas nouveau, mais il est aujourd’hui accentué et vulgarisé avec l’avènement des réseaux sociaux et autres plateformes numériques. Les acteurs responsables de la création et diffusion des fausses informations comprennent non seulement les acteurs politiques – vus comme faisant partie de ceux qui en diffusent le plus – mais également le secteur des médias et du journalisme, ainsi que les usagers même des réseaux sociaux. Les fausses informations circulent ensuite par voie de bouche-à-oreille, dans les grand-places, les marchés et autres lieux de rencontre. En outre, la possibilité que d’autres acteurs externes soient impliqués dans la propagation des fausses informations au Sénégal serait un risque majeur pour l’état de la démocratie sénégalaise, même si l’incidence d’une telle influence ne peut être avérée de manière définitive. Les périodes électorales et les périodes de crise, comme la pandémie de Covid-19, sont les moments où l’on observe la plus importante propagation des fausses informations. Lors de la dernière élection présidentielle de 2019 par exemple, plusieurs acteurs politiques avaient été la cible de fausses informations, dont la plus retentissante visait l’opposant Ousmane Sonko, l’accusant d’avoir reçu de l’argent d’une compagnie pétrolière pour financer ses activités politiques. Toutefois, il n’existe jusque-là aucune étude qui permet de dire si les fausses informations ont eu un impact sur les choix de vote des citoyens. En revanche, une étude publiée en février 2021 a démontré que les fausses informations sont parmi les causes de la réticence vis-à-vis des vaccins chez certains Sénégalais. Il existe quelques initiatives de lutte contre les fausses informations au Sénégal. Il s’agit d’organismes comme Africa Check impliqués dans le « fact-checking »et l’éducation aux médias. Toutefois, ces initiatives n’ont pas encore un grand impact, en raison notamment du fait que leur audience reste limitée. Il s’agit d’initiatives qui méritent d’être soutenues et vulgarisées, avec notamment le recours aux langues nationales pour toucher un public plus large. Sur le plan législatif et réglementaire, le pays est doté d’un ensemble de textes encadrant les télécommunications, le cyberespace et les médias. Mais il s’agit de lois qui mettent plus l’accent sur la répression et très peu d’actions sont menées par les pouvoirs publics dans le cadre de la prévention et la sensibilisation. Le gouvernement est par ailleurs en train de préparer une loi qui va encadrer spécifiquement les réseaux sociaux, mais plusieurs acteurs de la société civile et l’opposition craignent qu’elle conduise à plus de restriction des libertés.