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Mali: Créer les Conditions du Dialogue avec la Coalition Jihadiste du GSIM / Mali: Enabling Dialogue with the Jihadist Coalition JNIM

Both Mali’s government and the country’s largest jihadist grouping, Jama’at Nusratul Islam wal Muslimin (JNIM), say they want to talk about ending their bloody conflict. Yet neither party has taken steps to make dialogue happen. After eight years of fighting, the government and its external partners lack a convincing military strategy for concluding the war. Talks could allow the government to cut deals with jihadists that would save lives. But officials face major obstacles, not least their own division over the notion of such negotiations. France, Mali’s most important ally, opposes dialogue. JNIM, meanwhile, says foreign forces must withdraw before it will talk, deepening the other side’s reluctance to engage. But with rural militias proliferating and elite squabbles prompting two coups in 2021 to date, the demoralised public is swinging behind dialogue. So as not to rush into talks unprepared, the government and JNIM should first unify their ranks and think through their positions on key issues, particularly the role of Islam in state and society. They should also name negotiation teams and agree upon a mediator. Dialogue is worth pursuing, notwithstanding enormous challenges. The gap between the two sides’ positions is yawning, and the task of negotiating a comprehensive settlement may seem impossible. Just talking to militants may seem a tall order, politically speaking, given some of their stated goals and their al-Qaeda connection. Even if JNIM has shown some pragmatism while fighting an insurgency, it is unclear whether that would extend to compromises off the battlefield. Many Malians oppose its draconian interpretation of Islam. But the present approach is clearly not working: without a change in tack, civilians in much of the country will remain caught up in a violent struggle between militants and security forces. / Le gouvernement malien et le plus grand groupe jihadiste du pays, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), déclarent vouloir dialoguer pour mettre fin au conflit qui les oppose. Pourtant, aucune des parties n’a œuvré pour que ce dialogue s’ouvre. Après huit ans de conflit, le gouvernement et ses partenaires extérieurs n’ont pas de stratégie militaire crédible pour faire cesser les combats. Des pourparlers de haut niveau pourraient permettre au gouvernement de conclure des accords avec les jihadistes et d’épargner des vies. Néanmoins, les responsables politiques se heurtent à des obstacles majeurs, en particulier leur propre division sur l’opportunité de ces négociations. La France, principale alliée du Mali, s’oppose au dialogue. Le GSIM pose le retrait des forces armées étrangères comme une condition du dialogue, alimentant ainsi la réticence de ceux qui s’opposent aux pourparlers. La population, découragée par la multiplication des milices rurales et les rivalités entre élites qui ont engendré deux coups d’Etat en un an, penche en faveur du dialogue. Afin de ne pas engager des pourparlers mal préparés, le gouvernement et le GSIM devraient tout d’abord resserrer leurs rangs et affiner leurs positions sur les points clés, notamment le rôle politique et social de l’islam, désigner des équipes de négociation et s’accorder sur un médiateur. L’option du dialogue mérite d’être explorée en dépit de nombreux obstacles. Le gouffre qui sépare les deux camps se creuse et la négociation d’un accord global peut sembler impossible. D’un point de vue politique, le seul fait de dialoguer avec les insurgés est peut-être difficile à concevoir au vu des objectifs affichés par le groupe et de ses liens avec al-Qaeda. Même si le GSIM a fait preuve de pragmatisme dans sa conduite de l’insurrection, on ne sait pas à quel point ce pragmatisme s’étendra aux compromis qu’il serait amené à faire en dehors du champ de bataille. De nombreux Maliens s’opposent à l’interprétation draconienne de l’islam prônée par le groupe. Toutefois, force est de constater que l’approche actuelle ne fonctionne pas : sans un change ment de braquet, la population du pays restera otage de violents affrontements entre insurgés et forces de sécurité.